Résumé
C’est peut-être accorder une confiance excessive dans l’impérieuse succession des régimes d’historicité que de croire qu’on en a terminé aujourd’hui avec la conception d’une histoire magistra vitae, maîtresse et oracle de nos vies. Le détour par les théories narratives de l’exemplification, de Karlheinz Stierle à Timothy Hampton, permet de ressaisir à nouveau frais la question de la puissance de l’exemplaire dans l’historiographie humaniste du Quattrocento. Lecteurs de Salluste, les tyrannicides de l’Italie du XVe siècle entendent renverser le monde par la seule force des exemples antiques, dans lesquels ils voient la préfiguration des conjurations à venir. On tente de le saisir à partir d’une analyse machiavélienne de la séquence meurtrière qui mène de l’assassinat du duc de Milan Galeazzo Maria Sforza en 1476 à la conjuration des Pazzi, deux ans plus tard, à Florence. Ainsi peut-on mieux comprendre à quoi attente l’attentat. En nous séparant de notre capacité de récit, il nous livre sans défense à une machine narrative dont personne ne maîtrise les emballements.