Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Outre les sacrifices offerts à Pylos par Nestor et les ripailles des prétendants, l'Odyssée fait également droit à des repas plus modestes, dont celui que le porcher Eumée offre à son maître qu'il n'a pas encore reconnu (chant XIV). Ici encore, c'est le verbe hiereuein qui est utilisé pour désigner ce qui est fait du porc gras prélevé du troupeau pour la circonstance. Son abattage et le traitement de sa carcasse jusqu'à la distribution des parts aux commensaux font apparaître toute une série de gestes rituels qui ne correspondent pas à ce que l'on identifie lors des sacrifices explicitement destinés à entrer en contact avec une divinité. Est-ce l'espèce animale qui justifie ces écarts ? Est-ce la portée prioritairement alimentaire de l'opération ? Ou encore les besoins d'une intrigue qui crée ainsi un contraste saisissant entre la piété de l'humble porcher et la démesure arrogante de la jeunesse dorée d'Ithaque ? La réponse à ces questions reste incertaine, mais l'usage du verbe hiereuein pointe vers la notion d'« immolation » qui permet, quand l'alimentation est mise en exergue au terme de l’abattage, de conserver la tonalité rituelle que l’origine latine du mot continue de lui associer. Hiereuein pointe alors vers un abattage ritualisé, fût-ce minimalement. Mais le vocabulaire homérique du sacrifice et de l'immolation qui met l’accent sur les hiera, les « parts sacrées », est progressivement remplacé par le champ lexical de la thusia, qui signifie la combustion et la fumigation. Quelques occurrences de termes de cette famille de mots – sauf thusia – sont déjà attestés dans l'épopée homérique et étudiés ici.

Événements