Résumé
Dans les vers homériques, la part des dieux est génériquement désignée par le neutre pluriel hiera, « parts sacrées ». Sur cet arrière-plan, le hiereus, que l'on traduit généralement par « prêtre », désigne littéralement « celui qui fait les hiera » et donc celui qui prend en charge la part des dieux. Quant au verbe hiereuein, il devrait signifier « agir en tant que hiereus ». Mais le fait qu'il soit toujours utilisé de façon transitive, avec l'accusatif du nom d'un animal, invalide cette interprétation. Une analyse attentive des usages du verbe doit permettre de mieux saisir l'articulation entre égorgement d'un animal, démarche sacrificielle et alimentation. Cette analyse est donc le premier volet d’une interrogation sur l'abattage rituel en contexte homérique.
Si la traduction par « sacrifier » s'impose pour un certain nombre d'occurrences du verbe hiereuein, notamment dans l'Iliade, l'intrigue de l'Odyssée et les banquets dysfonctionnels des prétendants qu'elle met en scène permettent d’affiner cette interprétation. Car, en dépit d'une référence partagée à l'adjectif hieros, le verbe hiereuein n'est pas simplement synonyme de l’expression générique du sacrifice homérique qu'est hiera rhezein/erdein, « faire des hiera ». C'est ce point dont la leçon suivante prolongera l’analyse.