La deuxième heure, ouverte sur un retour à l’hypothèse de Scot : la volonté réduite à l’instant, s’est poursuivie par un rappel de la notion d’instant de la décision chez Kierkegaard, illustrée par les réflexions du théologien danois sur le poème d’Andersen « Agnès et le Triton » (Agnete og Havmanden). On a abordé ensuite la question du rapport entre vouloir, nouloir et principe de non-contradiction (PNC), telle qu’elle se présente dans la littérature médiévale : 1) Tous les états mentaux sont-ils soumis à PNC : les sensations, les désirs, les affects, les volontés, les représentations, les concepts, les jugements ? 2) V et NV, Velle et non-velle, qui sont des contradictoires, V et VN, velle et nolle, qui sont des contraires, peuvent-ils coexister psychiquement ? La « thèse commune » à la fin du XVe siècle est que la volonté est libre dans les contradictoires parce qu’elle est libre de vouloir (V) ou de ne pas vouloir (NV), et libre de nouloir (VN) ou de ne pas nouloir (NVN), mais, pas dans les contraires, parce qu’elle n’est pas libre de vouloir (V) un mal connu ou apparent, ou de nouloir (VN) un bien connu ou apparent, ni d’accepter un mal connu ou apparent ou de refuser un bien connu ou apparent. On a présenté, sur ces points, les thèses de Bartholomaeus Arnoldi von Usingen (1464-1532) et de Jodocus Trutfetter (1460-1519), les maîtres de logique buridaniens de Martin Luther, qui soutiennent que le fond de la liberté humaine est la possibilité de suspendre l’assentiment. La Formule de Scot implique-t-elle la dualité des voulants ? Faut-il placer deux voulants en chaque homme pour y faire coexister deux vouloirs contraires ? Le problème de la liberté du vouloir pose celui de l’unité de l’homme : un problème d’anthropologie philosophique.
17:45 à 18:30
Cours
L'invention du sujet moderne (suite) : la volonté et l'action (14)
Alain de Libera