Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
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Ceux qui cherchent à comprendre le passé sont attirés par les origines, parfois dangereusement attirés. Cet engouement pour le « commencement » répond d’abord à un désir d’ordre, précisément parce que l’historiographie est un récit, qui a besoin d’un point de départ et d’un point d'arrivée, mais aussi au désir presque vain d’arriver à saisir un phénomène dans son état initial, pur.

Quel est donc le témoignage plus ancien qui nous est parvenu de l’aequitas, l’équité latine ? Il ne s’agit pas d’un texte juridique ou littéraire, mais d’un objet, une tasse – un poculum – dédiée autour de 280 av. J.-C. à Aecetia, c’est-à-dire (si l'on admet cette hypothèse) une forme archaïque d’Aequitas, comprise comme personnification, comme une divinité (probablement qui préside aux mesures et aux poids), qu’on s’imagine boire dans cette tasse.  

Les inscriptions juridiques du IIsiècle av. J.-C., telles que les sénatus-consultes de Bacchanalibus, de Tiburtibusde Magnetum et Prienensium litibus, et la Sententia Minuciorum, confirment le rôle de la notion d’aequum dans la pensée romaine, comme terme clé d’un raisonnement juridique. Comédies et tragédies confirment la diffusion du concept auprès du public (Plaute, Stichus, 726 ; Térence, Les Frères, 796-804, L'Hécyre, 840). Mais s’agissait-il d’un principe en opposition au droit, comme on le dit souvent ? Ce sont des vers puissants d’Ennius (La Rançon d’Hector, fr. 155-6 J. ; 188-9 V.) qui nous donnent la réponse : Melius est virtute ius: nam saepe virtutem mali / nanciscuntur: ius atque aecum se a malis spernit procul (« Le droit vaut mieux que la bravoure. Car les méchants atteignent souvent la bravoure, mais le droit et l’équitable se tiennent loin des méchants »). Aucune opposition, mais une convergence entre droit (ius) et équité (aequum), au moins lorsqu’il s’agit d’un « bon droit ».