Comprendre une idée située dans le passé, ce n’est pas seulement s’en remettre aux mots, c’est-à-dire à l’étymologie ou à la façon dont les Anciens ont fait usage d’une parole. Même l’iconographie est un vecteur, souvent très parlant, du contenu que les Anciens attribuaient à un concept. Et les Romains nous donnent souvent l’impression qu’ils avaient la justice et l’équité « devant leurs yeux » (comme le dit le juriste Ulpien, dans D. 13, 4, 4, 1). Un parcours iconographique, surtout à travers les monnaies impériales, nous montre que, même si aequum est une idée romaine, elle dut à un moment donné s’enrichir de nouveaux contenus au contact de la pensée grecque, en particulier avec le concept de dikaiosyne.
Les traces de cet échange entre cultures remontent au moins au IIe siècle av. J.-C., dans la comédie de Plaute (Miles 725-732) et de Térence (Heautontimoroumenos 642-646). Cette rencontre a porté à un double enrichissement des deux notions : aequitas et dikaiosyne, qui ont œuvré comme deux ponts entre deux rivages.