Faute de la retrouver aisément sur terre, hommes et femmes se sont souvent employés à peindre la justice. Du philosophe stoïcien Chrysippe à Andrea Mantegna, en passant par les monnaies romaines, les images donnent corps au désir de justice et nous aident à saisir les contours des concepts. Un constat se dessine : bien qu’intimement liées, pour les Romains justice et équité sont deux idées distinctes, et les mots en gardent l’empreinte. Si justice se relie au droit (ius), à l’origine de l’équité se trouve l’adjectif aequus (-a / -um), qui signifie « uniforme », « plat » dans un sens horizontal. Aequus est donc doué d’une grande capacité métaphorique, déclenchée par l'idée d’équilibre, de « symétrie ». Cela se manifeste dans de nombreux domaines, notamment celui des poids, car aequus exprime bien la relation de correspondance (qui n’est pas forcément l’« égalité ») entre un objet et un autre. Les juristes romains s’en emparent – et la lecture de deux textes exemplaires nous fait entrer dans le vif de leur pensée –, car pour eux il s'agit également de compter et peser, pour retrouver un équilibre dans la société (politique), dont les conflits d’intérêt menacent de dissoudre les liens. C'est en parlant d'équité et de justice, que l'on saisit toute la vérité de ce propos : « comprendre une parole, c'est la faire comprendre à l'autre ».
14:30 à 15:30
Cours
Dépeindre la justice, peser l'équité
Dario Mantovani
14:30 à 15:30