Résumé
Mis au ban des nations après la seconde Guerre mondiale, le Japon paie sa défaite entre autres dans les représentations qu’en donnent les bandes dessinées, qui fleurissent dans la France de l’après-guerre comme partout dans le monde. On voit cependant se dessiner au cours d’une génération une évolution vers la réhabilitation, qui repose en bonne part sur une remise à l’honneur des idées reçues auparavant en vigueur, auxquelles vient s’ajouter, pour des raisons qui restent à expliquer, le projet imaginaire d’une modernité dont le Japon serait porteur. La bande dessinée de langue française reflète assez fidèlement ce cheminement, surprenant pour l’époque, alors que des films tels que Blade Runner ont fini par en banaliser la notion.
Nous présenterons dans un ordre inversement chronologique quatre bandes dessinées francophones couvrant cette période, qui illustrent le retournement du rôle assigné au Japon. L’exposé sera complété par une brève référence au roman d’espionnage, où seront contrastés les personnages de Mr Moto et de Mr Suzuki. Il sera suggéré que le genre a sans doute exercé une influence importante dans ce processus.