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À gauche : Pierre Boulez © Collège de France.
À droite : Pierre Boulez avec, de gauche à droite, Didier Arditti, Andrew Gerzso et Giuseppe di Giugno travaillant avec le dispositif électroacoustique pour Répons à l'Espace de projection (1980) © Fabien Chalhoub.

Colloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l’université de Genève.

Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.

L’enseignement de Pierre Boulez au Collège de France à partir de 1977, sur une chaire intitulée « Invention, technique et langage en musique », accompagne une période d’intense activité créatrice et institutionnelle. Boulez compositeur se confronte à l’électronique et au thématisme (Répons, Dialogue de l’ombre double) et revisite en profondeur des œuvres de sa première période (Notations, Le Visage nuptial). Boulez chef d’orchestre applique son exigence interprétative tout à la fois aux classiques du XXe siècle et à une nouvelle génération de compositeurs, qu’il promeut au concert et au disque. Boulez fondateur d’institutions assure la direction de l’Ensemble intercontemporain (EIC) et de l’Institut de recherche et de coordination acoustique/musique (Ircam) tout en s’impliquant dans les grands projets musicaux de la politique culturelle française (Opéra Bastille, Cité de la musique). Suite à sa retraite de la direction de l’Ircam en 1992 et du Collège de France en 1995, Boulez amorce une nouvelle phase de son activité principalement centrée sur la direction d’orchestre.

Ces deux décennies ont coïncidé avec une forte exposition publique de la figure de Boulez, notamment en France, entre admiration et contestation. La recherche n’a pas encore pris la mesure des dynamiques complexes de son action multiforme comme elle l’a fait pour le Boulez des années 1950 et 1960. Le jeune musicien critique des institutions s’est mué en fondateur d’institution. Quelle organisation intellectuelle, esthétique et logistique a permis à Boulez d’explorer en parallèle des enjeux, des répertoires et des modes d’action si variés ? Quelle place joue désormais l’invention musicale dans ses multiples rôles ? Quelles sources et quelles clés de lecture pourraient éclairer d’un jour nouveau les prises de position formulées dans les nombreux dits et écrits de Boulez de cette période ?

Plan des sessions

Session 1 – Penser la musique au Collège de France (22 mai - 09:30 à 12:45)
Après une éclipse au cours des années 1970 dominées par la direction des orchestres de la BBC et de New York, Boulez renoue avec une activité d’intellectuel et de pédagogue engagé dans la Cité, explorant de nouveaux styles et formats d’expression, du cours magistral à l’émission télévisée. Comment le musicien a-t-il abordé l’enseignement au Collège de France ? Son action a-t-elle modifié la place donnée aux savoirs musicaux au Collège et dans l’espace académique et médiatique français ?

Session 2 – Boulez au prisme de l’archive (22 mai - 14:30 à 16:00)
La recherche boulézienne a pu s’appuyer, du vivant du compositeur, sur le fonds de documents manuscrits qu’il a confié à la Fondation Paul Sacher en 1986. Prolongeant des travaux pionniers antérieurs à ce legs, plusieurs générations de chercheur·es ont révélé la diversité et la complexité des opérations compositionnelles en jeu dans des œuvres-clés telles que les livres de Structures, Le Marteau sans maître ou Pli selon Pli. L’enrichissement ultérieur de ce fonds et la constitution d’un fonds complémentaire à la Bibliothèque de France ont-ils modifié notre compréhension de la production boulézienne ? Quelles pistes de recherche reste-t-il encore à explorer, en particulier à propos des dernières décennies d’activité du compositeur ?

Session 3 – Spirales, dérives, fragments : le style compositionnel des années 1980 (22 mai - 16:15 à 19:30)
À l’époque où il compose Rituel in memoriam Bruno Maderna (1974-75) et Messagesquisse (1976), Boulez se tourne vers la construction de grandes formes et l’élaboration, y compris théorique, de ce qu’il appelle « l’enjeu thématique » dans ses cours de 1983 au Collège de France. En réécrivant pour grand orchestre (1980-1998) ses Notations de jeunesse pour piano, il rend manifeste un mode de travail qui innerve sa pratique compositionnelle depuis longtemps : la reprise et la dérivation d’œuvres anciennes. Que nous apprennent les analyses des œuvres de cette période ? Quelle relation s’est tissée entre l’artisanat privé du musicien et son discours public ?

Session 4 – La musique en question (23 mai - 09:30 - 12:45)
« Donc on remet en question », annonçait Boulez dans un texte programmatique pour l’IRCAM en 1974. Qu’a-t-il effectivement mis en question et comment l’a-t-il fait ? Quelles formes de travail collectif ont permis au programme boulézien de se concrétiser dans des réalisations scientifiques, technologiques, artistiques, mais aussi sociales et institutionnelles ? Les chantiers animés par Boulez au cours des années 1970-80 ont-ils suscité de nouvelles catégories esthétiques et théoriques ? Répondre à ces questions suppose de revisiter les traces de son action, mais aussi de situer cette dernière par rapport à d’autres projets contemporains, proches ou contradictoires, ce qui ouvre la voie à une réévaluation des constructions narratives qui l’ont accompagnée.

Session 5 – Le musicien sur tous les fronts (23 mai - 14:30 à 18:15)
La carrière de Pierre Boulez connaît un double principe d’évolution : celui des choix compositionnels qui le conduisent progressivement à vouloir renouveler le langage et le matériau de sa création ; celui de la multiplication progressive des rôles professionnels qu’il exerce et qu’il juxtapose – compositeur, pianiste, chef d’orchestre et directeur musical, fondateur d’institutions, enseignant, organisateur. La période de sa réinstallation à Paris à partir du milieu des années 1970 est aussi celle de la recherche d’une efficacité supérieure dans l’exercice de ces multiples rôles au sein, notamment, de l’Ensemble InterContemporain, de l’IRCAM et du Collège de France. Comment Boulez organise-t-il son foisonnant système de travail et quelle place la composition y occupe-t-elle ? Quels sont les effets du cumul, non seulement sur chacune de ces activités, mais aussi sur la réputation de Boulez au sein des différents mondes professionnels auxquels il contribue ?

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