Colloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l’université de Genève.
Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.
L’enseignement de Pierre Boulez au Collège de France à partir de 1977, sur une chaire intitulée « Invention, technique et langage en musique », accompagne une période d’intense activité créatrice et institutionnelle. Boulez compositeur se confronte à l’électronique et au thématisme (Répons, Dialogue de l’ombre double) et revisite en profondeur des œuvres de sa première période (Notations, Le Visage nuptial). Boulez chef d’orchestre applique son exigence interprétative tout à la fois aux classiques du XXe siècle et à une nouvelle génération de compositeurs, qu’il promeut au concert et au disque. Boulez fondateur d’institutions assure la direction de l’Ensemble intercontemporain (EIC) et de l’Institut de recherche et de coordination acoustique/musique (Ircam) tout en s’impliquant dans les grands projets musicaux de la politique culturelle française (Opéra Bastille, Cité de la musique). Suite à sa retraite de la direction de l’Ircam en 1992 et du Collège de France en 1995, Boulez amorce une nouvelle phase de son activité principalement centrée sur la direction d’orchestre.
Ces deux décennies ont coïncidé avec une forte exposition publique de la figure de Boulez, notamment en France, entre admiration et contestation. La recherche n’a pas encore pris la mesure des dynamiques complexes de son action multiforme comme elle l’a fait pour le Boulez des années 1950 et 1960. Le jeune musicien critique des institutions s’est mué en fondateur d’institution. Quelle organisation intellectuelle, esthétique et logistique a permis à Boulez d’explorer en parallèle des enjeux, des répertoires et des modes d’action si variés ? Quelle place joue désormais l’invention musicale dans ses multiples rôles ? Quelles sources et quelles clés de lecture pourraient éclairer d’un jour nouveau les prises de position formulées dans les nombreux dits et écrits de Boulez de cette période ?