Résumé
Deux traits distincts semblent caractériser le désir. D’une part, le désir motive des actions dirigées vers son objet. D’autre part, désirer un objet semble vouloir dire y prendre plaisir ou l’apprécier. Les théories du désir se divisent sur l’aspect essentiel à retenir ou cherchent à les identifier plus étroitement qu’il n’y paraît. Je m’appuierai sur l’acquisition de désirs par l’expérience pour soutenir que le désir est en réalité un état mental complexe aux deux aspects distincts et parfois discordants. Il en résulte pour l’agent une opacité de certaines propriétés importantes du désir et un obstacle à la satisfaction de ses désirs. Je tâcherai de montrer que les propositions les plus courantes pour caractériser l’épistémologie du désir ne permettent pas de surmonter cet obstacle. Je proposerai une théorie du travail d’élucidation du désir qui donne un rôle important à une forme de raisonnement pratique et aux croyances évaluatives et j’envisagerai diverses manières dont ces dernières peuvent guider les actes exploratoires parfois nécessaires pour percer l’opacité du désir.