Résumé
La capacité d’attribuer des croyances à autrui (la mentalisation) et la capacité d’effectuer un syllogisme disjonctif partagent un point commun. Pour croire que [Sally croit que p], il faut être capable de penser p sans juger que p est vraie. Pour croire que [p ou q], il faut être capable de penser p et de penser q sans juger que p est vraie et q est vraie. La double investigation de l’ontogénèse des capacités d’attribuer des croyances à autrui et d’effectuer un syllogisme disjonctif chez les enfants humains par la psychologie du développement a engendré des résultats expérimentaux discordants, sinon contradictoires, qu’il convient de réconcilier. Les résultats divergent selon que les tests utilisés sont verbaux ou non verbaux. Je propose de réconcilier les résultats (i) en admettant la distinction philosophique entre la force judicative et le contenu propositionnel jugé ; (ii) en supposant que les résultats des tests non verbaux sont des indices fiables d’une capacité cognitive ; (iii) en explorant les défis pragmatiques inhérents aux tests verbaux.