du au
César au Rubicon, Wilhelm Trübner (1851-1917).

Résumé

Dans ce cours sur les concepts et leur persistance à travers le temps, on commence par rappeler la théorie classique (aujourd’hui discréditée) selon laquelle le contenu d’un concept est une « définition ». La définition associée au concept (et constituant son contenu) fournit un critère pour l’application du concept, et détermine donc son « extension » : tombe sous le concept tout ce qui satisfait la définition. La définition associée permet aussi d’individualiser le concept, c’est-à-dire de le distinguer des autres concepts.

Après avoir rappelé les raisons de rejeter la théorie classique, et caractérisé de façon générale les théories qui l’ont remplacée, on met en cause de façon radicale l’idée que le contenu d’un concept (1) détermine son extension et (2) permet d’individualiser le concept (en le distinguant de tous les autres). L’idée que le contenu d’un concept détermine son extension a été largement abandonnée par les philosophes au profit de la thèse externaliste selon laquelle c’est l’environnement dans lequel le concept est déployé ou acquis qui détermine sa référence (ce à quoi le concept se rapporte). Concernant l’individualisation, thème spécifique de ce cours, trois options sont présentées et discutées. Selon la théorie inférentialiste, deux concepts sont le même s’ils ont le même contenu, c’est-à-dire s’ils sont associés à la même « conception ». Cette théorie est incompatible avec la nécessaire stabilité des concepts à travers le temps. Selon la théorie référentialiste, deux concepts sont le même s’ils ont la même référence (s’ils se rapportent à la même réalité). À cette théorie objectent les « cas frégéens ». Enfin, selon la théorie véhiculariste, celle que je défends, la conception (le contenu du concept) peut varier sans affecter l’identité du concept, car celui-ci est individualisé non par le contenu mais par le véhicule (le dossier mental qui héberge la conception mais persiste quand celle-ci change).

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