Résumé
Dans « Intention and Convention in Speech Acts », Strawson a soutenu de manière influente une distinction entre les actes essentiellement conventionnels et les actes communicatifs : les actes conventionnels reposent sur des conventions extralinguistiques pour leur exécution réussie ; les actes communicatifs n’en dépendent pas. En m’inspirant des conceptions des actes sociaux d’Adolf Reinach (1913) et de Thomas Reid (1785), je propose d’introduire une distinction au sein de la catégorie des actes communicatifs/non conventionnels, entre ceux qui sont essentiellement sociaux ou en deuxième personne (second-personal) et ceux qui ne le sont pas. Ces derniers ne requièrent pas d’assurer la réception pour être réussis ; les premiers, en revanche, dépendent d’attitudes conjointes (joint attitudes) pour leur réalisation. J’adopterai le concept d’actes communicatifs en deuxième personne comme catégorie fondamentale dans la classification des actes illocutoires et mettrai en évidence les bénéfices qu’il y a à fonder cette classification sur les aspects en deuxième personne de la communication.