Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Pierre Boulez a étonnamment peu écrit et parlé des compositeurs actifs au cours de la deuxième moitié du XXe siècle. Auteur prolifique, commentateur passionné de compositeurs tels que Webern, Schoenberg ou Debussy qu’il a intégrés à un récit historico-théorique développé, Boulez n’a guère cherché à théoriser les enjeux esthétiques des œuvres de son temps – celles des musiciens et musiciennes de sa génération ou plus jeunes – alors même qu’il en dirigeait et enregistrait certaines à l’époque de son enseignement au Collège de France.

Il est donc éclairant de trouver dans les archives de ses leçons au Collège de France pour l’année 1980-1981, consacrée à la thématique « Automatisme et décisions », un croquis contenant des références à une vingtaine de ses contemporains, la plupart actifs au cours des années 1960 et 1970. Il s’agit d'œuvres de compositeurs aussi divers que Vinko Globokar, Heinz Holliger, Mauricio Kagel, Paul Méfano ou Dieter Schnebel, qu’il n’a pourtant jamais évoqués dans le texte de ses cours au Collège paru sous le titre Leçons de musique en 2005.

Ce croquis a vraisemblablement servi à l’élaboration d’une série d’ateliers sur le thème de « Hasard et détermination » qui a eu lieu en 1982 au Centre Georges Pompidou et qui prolonge des thèmes abordés dans les cours du Collège de l’année précédente. L’étude de ce brouillon nous éclaire sur les jugements esthétiques, parfois passablement critiques, que Boulez portait sur des créateurs très différents de lui. À la lueur de cette esquisse, ses cours du Collège de France apparaissent soudain plus polémiques et engagés que ce qu’on en a généralement retenu, et leur cohérence avec ses activités de chef et programmateur ressort nettement.

Intervenant(s)

Jonathan Goldman

Professeur titulaire de musicologie, Université de Montréal

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