Résumé
Les auteurs du XVIIe siècle ne disent quasiment rien sur leur propre pratique d’écrivain ni sur la conception qu’ils se font de leurs œuvres, alors même que c’est à cette époque qu’a lieu l’avènement de l’auteur. C’est que l’écriture est liée à l’intime, et mise sur le même plan que la cuisine ou le rhume. De plus, les pratiques de publication d’alors créent une forte disjonction entre l’auteur et l’œuvre. L’idéal de l’honnête homme et le refus de se soumettre aux injonctions du negotium engendrent une réticence à « jouer » l’auteur, d’autant plus que le travail d’écriture se réalise souvent à plusieurs mains, conformément au découpage traditionnel de la rhétorique entre différents temps d’écriture.
Les Lettres de Tristan L’Hermite donnent de l’écriture une image mélancolique : elle apparaît comme une léthargie, qui provoque la mauvaise conscience. Ainsi, il n’existe pas au XVIIe siècle de portraits d’écrivains contemporains en train d’écrire. L’imaginaire de l’écriture est tout entier représenté par des figures sacrées comme saint Augustin, saint Jérôme ou saint Bernard. C’est pourquoi l’écriture au XVIIe siècle est contradictoire et douloureuse : elle se situe entre le désir de réussite et l’aspiration au sacré.