Résumé
La présidence française de l’Union européenne aura, au titre de ses dossiers internationaux, la lourde charge des relations euro-chinoises. Comme l’a observé la présidente de la Commission européenne dans son discours sur l’état de l’Union en septembre 2020, rien n’est à la fois plus stratégique et plus difficile pour l’Europe que son rapport avec la Chine. Il en résulte que la capacité des Européens à s’unir pour mettre en œuvre une relation équilibrée avec la Chine détermine une part majeure du statut géopolitique que l’Union européenne ambitionne en ce siècle, au-delà de l’acquis des relations bilatérales de chaque État membre. La relation entre l’Europe et la Chine a été longtemps celle d’une fascination intellectuelle, parfois réciproque, avant d’incarner un faisceau complexe, parfois contradictoire, de rapports économiques et politiques dans un contexte de marche à pas forcés de la mondialisation. Aujourd’hui, l’heure est plus souvent à la frustration ou à la dénonciation qu’à une appréciation positive de la situation et de son potentiel. Comme toujours, « la critique est aisée mais l’art est difficile ». Avant d’évoquer les difficultés du présent, je rappellerai que l’Europe et la Chine se sont reconnues pendant près de cinq siècles comme des pôles autonomes mais complémentaires du savoir et du progrès, indépendamment des péripéties de l’Histoire. Une fois évoqués ces traits distinctifs de « l’Europe chinoise » et de « la Chine européenne », j’aborderai les défis auxquels fera face la présidence française de l’Union européenne au premier semestre 2022.