Au cours des rétinopathies pigmentaires, la séquence des événements liés à des mutations exprimées dans des protéines spécifiques des cellules à bâtonnets, responsables de la vision nocturne, aboutit secondairement à la dégénérescence des cônes, avec comme conséquence la perte de la vision centrale, de la vision des couleurs et de la vision diurne. Il s’agit donc de l’événement principal conduisant à la cécité. Cet événement étant en bonne partie indépendant de la mutation causale, il apparaît logique de cibler une approche thérapeutique sur cette phase d’évolution de la maladie, ce qui pourrait permettre de traiter la majorité des patients, indépendamment de la mutation causale, tout en mettant en œuvre cette approche thérapeutique à des stades plus évolués de l’affection.
Nous avons envisagé plusieurs hypothèses établissant un lien entre dégénérescence des bâtonnets et dégénérescence des cônes. Ces hypothèses ont été testées de manière systématique, ce qui a permis de démontrer par des expérimentations de transplantation puis de co-cultures et de biochimie, l’existence d’une interaction trophique entre cellules à bâtonnets et cellules à cônes.
Cette démonstration a ensuite conduit à une stratégie systématique d’identification des facteurs de survie des cônes, laquelle a permis en 2004 la caractérisation du facteur appelé rod-derived cone viability factor (RdCVF). Ce facteur comporte deux variants, par épissage alternatif, correspondant à deux types de fonctions : une fonction anti-oxydante relevant de la famille des thiorédoxines et une fonction trophique par interaction paracrine. Cette famille de facteurs trophiques est appelée nucleoredoxin-like protein et comporte deux gènes à ce jour, l’un découvert par notre stratégie de clonage par expression, l’autre in silico.