Résumé
La dernière leçon de l’année propose quelques conclusions d’étape, puisque la thématique de la norme religieuse et des questions d’autorité est loin d’être épuisée. Après avoir synthétisé les éléments abordés au fil des semaines sur les champs sémantiques de hieros, themis (avec thesmos) et nomos, on convoque la tragédie de la norme par excellence que sont Les Euménides d’Eschyle. Présentée à Athènes en 458, la trilogie de l’Orestie, dont Les Euménides forment le troisième élément, met en scène l’enchaînement des meurtres qui ensanglantent le palais de Mycènes dès le retour du roi Agamemnon après la chute de Troie. Oreste venge le meurtre de son père en mettant ses assassins à mort, à savoir sa propre mère et l’amant de celle-ci. Poursuivi par les Érinyes vengeresses, mais soutenu par l’Apollon delphique, Oreste se rend à Athènes où Athéna fonde le tribunal de l’Aréopage pour le juger. Le verdict absout le jeune homme et les Érinyes se transforment en déesses bienveillantes pour Athènes où elles ont désormais une place. Tissée des entrelacs de thesmos et de nomos que l’on a abordés précédemment, la tragédie ne témoigne guère d’un ordre humain qui se serait substitué à un ordre divin, mais bien de l’importance des notions de répartition et d’honneur, au double sens de la timê que les hommes doivent aux dieux et de celle que les dieux accordent aux hommes. Ce « contrat » implicite dans le cadre de toute polis deviendra plus clair encore avec la mise en place d’autres champs sémantiques que l’on abordera l’an prochain.