Résumé
Le parcours historiographique entamé la semaine dernière se poursuit avec le travail de Christian Meier sur La Naissance du politique (1995, or. all. 1980) et sa réflexion sur « l’émergence d’une intelligence autonome parmi les Grecs ». Une question affleure de ce parcours : que devient la problématique du politique et de la loi – et donc de la norme et de l’autorité – si l’on se place du point de vue du polythéisme grec tel qu’il se donne à connaître et des représentations du monde qui le caractérisent, plutôt que de la vision passablement standardisée de l’irrationalité de toute religion que la raison et la science seraient amenées à dépasser ? Une voie dans cette direction a été ouverte par la thèse de François de Polignac sur La Naissance de la cité grecque (1995² [1984]). Il a replacé la religion au cœur de la réflexion sur la cité archaïque par l’analyse des espaces sacralisés et des rituels documentés par l’archéologie, orientant l’attention davantage sur les pratiques et les représentations sociales que sur les représentations du monde. Dès lors, dans le cadre des cours de cette année, on appellera à la barre les destinataires divins de ces rituels et les représentations qui sous-tendent les relations instaurées avec eux, par le biais d’une analyse du lexique grec de la sacralité et de la norme. L’arrière-plan théorique et méthodologique de cette approche est évoqué, avec les travaux de Jean Rudhardt du côté grec et, sur le plan plus large de la Begriffsgeschichte, avec ceux de Reinhardt Kosseleck.