Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Les réflexions étymologiques de Jacques Duchesne-Guillemin sur le grec hieros et le sanskrit iirá permettent de circonscrire un champ sémantique où se croisent les notions de puissance, de vigueur et de sacralité au sens d’un « certain rapport aux dieux », pour reprendre le titre de la leçon précédente. L’analyse des occurrences épiques de l’adjectif hieros dans le monde des dieux s’en trouve enrichie : ses usages dans la sphère divine, illustrés par les vers d’Homère et surtout d’Hésiode, attestent qu’il s’agit à chaque fois de qualifier, ou le creuset de la puissance d’une divinité (le ventre de Rhéa, la tête de Zeus), ou son vecteur (le lit, la flamme, la balance), ou encore le spectacle de la puissance que traduit la multiplicité des dieux elle-même (leur genos). Si hieros s’attache tout particulièrement à l’expression de la vitalité divine et à la manifestation de puissance qu’elle induit dans le monde des dieux, certaines connotations de l’adjectif, appliqué au monde des hommes, en offrent un parallèle en mode mineur en s’attachant, comme on l’a vu, au blé de Déméter et au cours des fleuves, mais aussi aux cycles cosmiques qui encadrent l’existence humaine. Une incursion dans la poésie de Pindare supporte l’analyse de hieros comme indice d’un épanouissement vital soutenu par les dieux.