Résumé
Près de la moitié des occurrences poétiques de hieros l’associent à un toponyme, que ce soient des cités comme Troie ou Thèbes, ou des îles. Toute polis est susceptible d’être ainsi qualifiée dans les vers des poètes, en tant qu’espace social et, dès lors, lieu privilégié d’interaction entre une communauté humaine – un koinon – et ses dieux. C’est également le cas des murailles qui l’entourent ou du contingent qui monte la garde, soulignant l’inviolabilité et la protection espérée, ainsi que l’atteste aussi une comparaison différentielle avec les termes sacer et sanctus à Rome appliqués à des realia du même type. Mais la protection n’est pas requise qu’à l’égard de l’extérieur. Le « cercle hieros », formé par les anciens qui rivalisent dans une joute oratoire judiciaire au chant XVIII de l’Iliade, constitue un autre type de protection, contre le dissensus interne cette fois. Enfin, la culture sacrificielle qui infuse les relations entre sphère humaine et sphère suprahumaine est irriguée par le champ sémantique de hieros, dont les différentes expressions sont analysées.