La seconde heure a porté sur l’hérésie patripassianiste. On a situé le patripassianisme par rapport à des appellations plus génériques : monarchianisme, sabellianisme, modalisme, et on en a repris la définition reçue : en Jésus, c’est Dieu le Père lui-même qui s’est incarné, a souffert et a sauvé l’humanité. On a brièvement évoqué les diverses formes de patripassianisme, chez Noët, qui identifie le Père et le Fils, Cléomène, qui soutient que le Père et le Fils ne sont que des modes d’une même divinité, et Praxéas, qui soutient que « le Christ pâtit », tandis que le « Père compatit ». On est ensuite passé au Moyen Âge, en commençant par une étude des théories de l’Incarnation dans les Sentences de Pierre Lombard, Livre III, distinction VI. On a analysé les trois « opinions » évoquées : la théorie de l’« homo assumptus » (attribuée par certains à Hugues de Saint-Victor) ; la théorie de la subsistance composée (attribuée à Gilbert de Poitiers) ; la théorie du « vêtement » ou de l’habitus (attribuée – à tort – à Pierre Lombard lui-même et à Abélard). On s’est spécialement arrêtés sur cette dernière théorie, présentant l’union de l’âme (rationnelle) et de la chair (humaine) au Verbe, en sa nature ou en sa personne, comme extrinsèque et accidentelle – les deux n’étant que le « vêtement », l’indumentum, l’habit, utilisé par le Verbe pour « apparaître » à la vue, se rendre « visible » aux yeux des créatures. On a examiné la source du Lombard : la question 73 des 83 Questions d’Augustin et l’exégèse de Philippiens 2, 7 : « et habitu inventus ut homo ». On a présenté la théorie augustinienne de l’habitus, et évoqué, en digression, une des questions soulevées par Augustin et reprises par le Lombard ; Dieu pouvait-il s’incarner dans une femme ?
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