Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Le principal bâtiment lié à la vie économique du sanctuaire de Nanna était le Ganun-mah. Il est connu à la fois par l’archéologie et par un grand nombre de sources écrites : des inscriptions commémoratives (noms d’années et inscriptions royales), mais aussi des documents d’archives. L’édifice se situe à l’est du téménos, dans l’angle entre la cour de Nanna et la terrasse de la ziggourat. Il se présentait sous la forme d’un carré de 57 mètres de côté, entouré par un mur épais de 2,70 mètres. Le plan se caractérise par la présence de pièces parallèles très allongées avec ouverture sur l’un des petits côtés, typique des espaces de stockage dans l’architecture mésopotamienne.

Le Ganun-mah avait une double fonction. C’était d’abord un lieu où étaient déposés l’argent du temple, ainsi que des objets précieux ; il servait aussi au stockage des denrées périssables destinées aux offrandes alimentaires faites à Nanna et aux autres divinités. Cette dualité ressort des inscriptions royales, mais aussi des documents d’archives : il s’agit de tablettes périmées mises au rebut sous le sol de certaines pièces. Certaines ont été retrouvées sur place ; d’autres ont été découvertes dans deux maisons du quartier AH. Le lot YOS 5 nos 1-110 appartient également à la comptabilité du Ganun-mah, mais sa provenance archéologique est inconnue puisque ces tablettes proviennent de fouilles irrégulières effectuées avant la Première Guerre mondiale. Beaucoup de ces documents sont indiqués comme ayant été scellés par les « intendants » (šatammû). Ce terme indique une fonction, mais ce n’est pas un titre : on trouve en effet souvent parmi ces sceaux celui du šandabakkum, i.e. du responsable économique du sanctuaire.

C’est dans la caisse du Ganun-mah qu’était versé l’argent résultant de la vente de certains biens du temple, qu’il s’agisse de transactions exceptionnelles comme l’aliénation de terrains ou de ventes plus courantes comme celle de poissons. Beaucoup d’objets précieux étaient offerts au dieu Nanna à titre d’« offrandes » plus ou moins volontaires. Une grande partie de la comptabilité du Ganun-mah a trait aux troupeaux de bovins. Le contexte écologique permet de comprendre qu’il s’agissait avant tout de buffles qui vivaient dans les marais, selon des modalités qui existent encore de nos jours. Le temple de Nanna à Ur n’était pas seulement propriétaire d’importants troupeaux de bovins : les activités de laiterie qu’il abritait étaient conçues comme intrinsèquement liées à la nature du dieu, comme l’indiquent certains hymnes [1]. Nanna n’était pas seulement compris comme protecteur des bovins, il était lui-même l’un d’eux ; son animal attribut était le taureau, le croissant de lune étant vu comme les cornes de l’animal. D’autres divinités proches de Nanna avaient également un lien étroit avec les troupeaux et l’élaboration de produits laitiers.

Références

[1] D. Charpin, La Vie méconnue des temples mésopotamiens, Paris, Les Belles Lettres/Collège de France, coll. « Docet omnia », 2017, p. 180.

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