Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
-

L’étude de l’environnement naturel de la ville d’Ur et de son urbanisme est forcément multidisciplinaire. On a d’abord souligné l’apport considérable de la télédétection, depuis les vues aériennes de la Royal Air Force des années 1920 jusqu’aux images du drone employé sur le site par Emily Hammer en 2017, en passant par les photos satellitaires anciennes (Gambit KH-7 de l’US Air Force en 1966, Corona KH-4B du programme parallèle de la CIA 1968) ou plus récentes (Quickbird [2002, 2004, 2007], Ikonos-2 [2008] et WorldView-1 [2008]) [1].

Dans un premier temps, le cadre naturel dans lequel la ville d’Ur s’insérait a été décrit. On a rappelé que le cours de l’Euphrate s’est déplacé : au début du IIe millénaire avant notre ère, il coulait à proximité de la ville, au sud, comme le montrent les traces d’un paléo-méandre révélées par un cliché de 1966. Un autre élément crucial est celui du tracé de la côte. La question est très complexe, car les facteurs sont multiples : affaissement de la plaine (compactage des alluvions, mouvements tectoniques), mais, inversement, alluvionnement du fait des fleuves, et, enfin, variation du niveau marin. Le point a été fait par Paul Sanlaville en 1989 : il y a eu un maximum de transgressions marines vers 3500 av. J.-C. La côte devait alors passer non loin d’Ur, et par les villes modernes de Nassiriya et Amara, donc à 200 km au nord de la côte actuelle. Par la suite, les fleuves ont travaillé très efficacement et colmaté rapidement le fond de ce golfe, dont les profondeurs étaient faibles, sans doute en moins de deux millénaires. Depuis 2000 av. J.-C. environ, on observe une alternance de phases de recul et d’avancée du rivage, liées à la fois à de faibles oscillations du niveau marin et à des déplacements de l’embouchure des fleuves. Un élément très important de l’environnement dans la région est constitué par la zone des marais ; ce secteur était assez densément peuplé, car de nombreuses habitations en roseaux étaient installées sur des îles artificielles. La région a été volontairement asséchée par Saddam Hussein, luttant contre les déserteurs qui s’y étaient réfugiés ; elle a été depuis heureusement remise en eau. Pendant la période d’assèchement, Abdulamir Al-Hamdani a pu prospecter cette zone, qu’il a étudiée dans sa thèse [2].

Références

[1] Voir le travail récent de G. Di Giacomo et G. Scardozzi, « Multitemporal high-resolution satellite images for the study and monitoring of an ancient Mesopotamian city and its surrounding landscape: The case of Ur », International Journal of Geophysics, 2012 (Article ID 716296), DOI : 10.1155/2012/716296.

[2] A. Al-Dafar [= Al-Hamdani], Shadow States: The Archaeology of Power in the Marshes of Southern Mesopotamia, New York, PhD Stony Brook University, 2015.

Événements