Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Pendant longtemps, le rôle du clergé mésopotamien dans l’éducation a été l’objet de débats. La ville d’Ur a fourni des données très riches, permettant de voir quel rôle jouait l’écrit dans la formation des apprentis et dans la transmission des traditions. Nous avons successivement étudié ce que nous apprend la maison « no 7 Quiet Street » ; puis le problème posé par le « no 1 Broad Street », que Woolley a considéré comme une école ; et enfin les informations nouvelles qui viennent des fouilles de 2017.

Le père Burrows, qui était l’épigraphiste de la mission à Ur en 1926-1927 quand Woolley fouilla le quartier EM, écrivit avec hésitation à propos de la maison « no 7 Quiet Street » : « perhaps a scribal school ». Nous avons étudié lors du cours no 7 l’histoire des purificateurs qui vécurent dans cette maison et leurs traditions particulières qui mettaient en avant le dieu Enki d’Eridu et les divinités de son entourage ; nous sommes revenus sur les tablettes scolaires qu’on y a découvertes. On n’y trouve pas trace des phases élémentaires de l’apprentissage, mais des copies de séries lexicales et de textes grammaticaux qui servaient à l’enseignement de la langue sumérienne. Un exercice plus difficile consistait à copier des lettres en sumérien : une tablette comprend le texte de six lettres, dont deux ne sont pas attestées ailleurs. On a aussi quelques tablettes mathématiques. La copie d’inscriptions historiques était également un travail d’apprentissage courant : on en possède trois pour l’époque d’Akkad, trois pour l’époque d’Ur III, deux de rois d’Isin et trois de rois de Larsa ; certaines comportent des erreurs grossières, d’autres sont écrites avec une main malhabile. Outre ces textes « classiques », la maison « no 7 Quiet Street » contenait également des textes plus atypiques. Si la copie de listes de noms propres était un exercice fréquent, celle qui a été retrouvée est très particulière : il s’agit d’une liste de noms sumériens de prêtres qui portaient des noms à la louange du temple qu’ils desservaient et dont la tablette donne la traduction en akkadien. UET 6 117 a ceci d’unique que les noms qu’on y trouve sont ceux de prêtres collègues des purificateurs habitant la maison où l’exercice a été retrouvé : on a sans doute ici le reflet d’un enseignement, le maître expliquant (en akkadien) à un élève le sens des noms sumériens portés par des clercs de sa famille ou de son entourage, que l’élève côtoyait sans doute quotidiennement. On a aussi retrouvé des hymnes qui n’ont de parallèle nulle part ailleurs, et qui sont clairement liés aux traditions et activités des purificateurs-abriqqum voués au dieu Enki d’Eridu, comme on l’a déjà vu lors du cours no 7. Ce que l’étude du « no 7 Quiet Street » a apporté de très nouveau lorsqu’elle a été publiée en 1986, c’est une vision différente de l’apprentissage de l’écriture de celle qui prévalait alors. La synthèse qui faisait alors autorité, due à Å Sjöberg, reposait en grande partie sur les textes littéraires décrivant les activités dans l’école (sumérien é-dub-ba) : on voyait celle-ci comme une institution indépendante, installée dans des locaux réservés à l’enseignement. Le cas du « no 7 Quiet Street » montre que le caractère familial de la transmission du savoir écrit, considéré par les assyriologues comme typique de la seconde moitié du IIe millénaire et du Ier millénaire, remontait en fait à l’époque paléo-babylonienne.

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