En Mésopotamie, les termes de kittum et mîšarum étaient deux façons complémentaires de noter la « justice ». Le premier mot, kittum, dérive d'une racine KûN qui signifie « être stable » : c'est la justice en tant que garante de l'ordre, par exemple celle qui oblige le débiteur à rembourser son créancier. Le second terme, mîšarum, dérive de la racine YŠR qui veut dire « aller droit » : c'est la justice qui redresse les situations insupportables, empêchant les riches d'écraser les pauvres et conduisant les rois à remettre aux plus faibles les arriérés de leurs taxes et de leurs dettes. Dans la Babylonie du XVIIe siècle, la justice se vivait donc selon deux modalités différentes.
Il y avait d'abord ce qu'on peut appeler la justice ordinaire, correspondant à la notion de kittum, chargée de régler les conflits qui pouvaient survenir dans la vie courante. Le déroulement des procès peut être étudié grâce aux actes de procédure qui nous sont parvenus, mais aussi grâce à la correspondance. Ces documents montrent que preuve écrite et preuve testimoniale, loin de s'opposer, étaient vues comme complémentaires : lorsque l'écrit se développa, les Mésopotamiens personnifièrent les tablettes en les assimilant à des témoins, considérant qu'elles étaient pourvues d'une bouche puisqu'il était possible de les écouter. Si l’écrit tint en matière d’administration de la preuve une place de plus en plus grande au cours de l’époque paléo-babylonienne, c’est avant tout la conséquence d’un phénomène d’accumulation dû à l’écoulement du temps : les archives familiales étaient de plus en plus fournies. Lorsque faisaient défaut à la fois preuve écrite et preuve testimoniale, on avait recours à la procédure du serment probatoire : plusieurs exemples ont été examinés.