Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Alors qu'on présente souvent la fin de la 1re dynastie de Babylone comme une phase de déclin, en considérant avant tout la diminution de sa puissance politique et la fragilité de sa vie économique, force est de constater qu'il n'en est rien du point de vue de la littérature entendue au sens large, même si cet aspect des choses n'a pas toujours été présenté comme il devrait l'être : on met en général l'accent sur le déclin de la littérature sumérienne, mais on ne souligne pas suffisamment l'extraordinaire développement de la littérature en langue akkadienne, autrement dit en babylonien.

On a commencé par examiner l'apprentissage de l'écriture et le travail des scribes « ordinaires ». La fouille de la maison d'Ur-Utu à Tell ed-Dēr a permis la découverte d'une sorte de bassin où l'on a retrouvé des tablettes scolaires qui ont été publiées par M. Tanret. Celui-ci a proposé qu'on ait retrouvé là les vestiges de la formation que reçut Ur-Utu en personne. Selon les observations des fouilleurs, le bassin a cessé d'être utilisé lors de la dernière réfection du sol de la cour, alors qu'Ur-Utu était chef-lamentateur depuis 14 ans. Comment expliquer que des exercices datant de son enfance aient pu y être conservés ? Ce n'est guère vraisemblable. Il paraît plus logique qu'il s'agisse d'exercices qui ont été faits juste avant les travaux de réfection de la cour. M. Tanret avait conclu qu'Ur-Utu n'avait maîtrisé que les rudiments du cunéiforme : en réalité, il aurait été capable de former lui-même des élèves. Les archives de la maison d'Ur-Utu ont eu un autre avantage : elles ont permis de mieux comprendre le travail des scribes dans ses aspects les plus concrets. Car c'est le paradoxe de la situation : les scribes professionnels restent très mal connus. En 2004, M. Tanret a publié une étude très approfondie sur un scribe nommé Šumum-liṣi, déjà attesté par 23 textes et pour lequel les archives d'Ur-Utu ont livré 151 références supplémentaires. Au total, 174 textes le documentent pendant 18 ans, de l'an 33 d'Ammi-ditana à l'an 18 d'Ammi-ṣaduqa : c'est un cas record pour toute l'époque paléo-babylonienne. Šumum-liṣi a beaucoup travaillé pour Inanna-mansum et son fils Ur-Utu, mais sans exclusivité. Et inversement : les deux kalamahhûm avaient recours préférentiellement à ses services, mais quand il n'était pas disponible, ils s'adressaient à d'autres scribes pour écrire les contrats dont ils avaient besoin.