Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
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Les projections sont inquiétantes. Sans changement radical dans la dynamique d’extension actuelle de l’épidémie d’antibiorésistance, la mortalité liée aux maladies infectieuses devrait se situer largement en tête des causes de mortalité sur la planète d’ici 2050. D’un problème largement confiné à l’hôpital, l’antibiorésistance est devenue un problème écologique de dimension planétaire. Un exemple typique est l’apparition soutenue et l’extension non contrôlée des carbapénèmases. La résistance aux carbapénèmes concerne les bactéries à Gram négatif : entérobactéries (E. coli, Klebsiella), Pseudomonas et Acinetobacter. Elle domine à l’hôpital au cours des infections nosocomiales, est devenue une crise mondiale dans les dix années écoulées, y compris par son extension hors de l’hôpital. Sa dispersion est rapide, grâce à des supports génétiques versatiles combinant intégrons, transposons et plasmides portant des résistances multiples à d’autres antibiotiques et à des antiseptiques. La seule ressource thérapeutique alternative est un ancien antibiotique : la colistine, mais des résistances portées par des plasmides viennent d’émerger en Chine dans des élevages de volailles et de bovins où cet antibiotique est utilisé massivement et sans contrôle. La guerre de l’antibiothérapie est en train d’être perdue. Il est urgent de développer des approches innovantes permettant d’éliminer spécifiquement les bactéries porteuses de carbapénèmases, et d’autres résistances critiques, voire d’exciser précisément les gènes de résistance. C’est un nouveau monde des maladies infectieuses qui s’ouvre sur une crise majeure et dont la prise en compte est prioritaire.

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