Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Au XVIIIe siècle, les savants et scientifiques se déplaçaient pour étudier, sur place, les cultures des « autres ». La Révolution française et, surtout, les expéditions napoléoniennes, marquèrent la fin d’une étude de l’« autre » qui laisserait, sur place, les témoignages matériels de sa culture. L’appropriation intellectuelle et l’appropriation matérielle devinrent intrinsèquement liées. Dès lors, les musées attirèrent ce que l’Europe croyait être « l’autre » et avait fait venir à elle. Les nouveaux musées, consécutifs à la grande restitution napoléonienne, ouverts entre les années 1820 et les années 1850, accueillirent très rapidement des objets extra-européens, en l’occurrence les antiquités égyptiennes, assyriennes – issues de l’archéologie biblique – et les objets précolombiens – c’est en 1850 que fut créé, au musée du Louvre, le Musée américain – « Salle des antiquités américaines (Mexique et Pérou) ». La présence de mêmes agents et de mêmes intermédiaires entre les sources initiales, communes, et les musées, contribua à donner à ces derniers un caractère homogène et, très vite, une émulation entre musées vit le jour.

Par exemple, les musées de Londres, Paris, Berlin et Turin rivalisèrent dans l’acquisition d’antiquités égyptiennes – l’Égypte intervint comme objet d’étude scientifique avec l’expédition de Bonaparte de 1798. Dès 1823 se mit en place une période d’acquisitions par les musées de collections formées par des consuls et des aventuriers : ces derniers avaient collecté ces antiquités sur place, les avaient rapportées en Europe, les faisant circuler dans les capitales qui, selon leurs finances et leur intérêt scientifique pour les objets, cherchèrent à se les approprier. En 1823, le British Museum acheta au consul britannique Henry Salt une série d’antiquités, dont une tête colossale de Ramsès II ; immédiatement, Berlin acquit la collection du général italien Minutoli. En 1824, Turin entra en possession de la première partie de la collection du consul Bernardino Drovetti et, en 1826, Paris acheta la deuxième partie de la collection d’Henry Salt.