Le cours des années précédentes a porté sur la constitution des bibliothèques mentales, la quête des œuvres perdues et l’édition de textes. Or, une fois que les textes et les corpus sont là, qu’en faire ? Autrement dit, comment lire ? Question d’une simplicité trompeuse.
L’année dernière, l’enquête a porté sur le plaisir, voire le bonheur que procure la lecture, et dont le souvenir et la répétition peuvent illuminer toute une existence. Lire, toutefois, n’est pas seulement affaire de sensibilité. Les textes sont là pour être sinon aimés, du moins compris, et la dimension cognitive de l’opération ne saurait être sous-estimée. Depuis quelques années ont émergé de nouvelles façons de lire et d’interpréter qui donnent toute-puissance aux lecteurs sur un mode inquisitorial. Il importe de replacer cette évolution récente dans un panorama historique et culturel des modes de lecture et d’interprétation.
Peut-on entretenir avec les textes un rapport qui échappe à l’alternative simpliste de la condamnation indignée ou de l’approbation pleine et entière ? Il existe tant d’autres modes de lecture plus subtils et peut-être plus émancipateurs : la catharsis, l’allégorie, la philologie, la bienveillance, l’admiration, l’épiphanie, pour n’en nommer que quelques-uns. Et si savoir comment on a lu pouvait aider à savoir comment lire aujourd’hui ?