Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
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La situation à l’échelle de l’Empire : sources juridiques et papyrus proche-orientaux (fin)

Certains ont vu dans l’usage juridique de dialectes araméens une survivance d’une tradition antérieure à l’occupation romaine, ce que pourrait corroborer la disparition des contrats en langues vernaculaires après le milieu du IIIsiècle. Mais cette position a été contestée par d’éminents savants qui ont souligné la vitalité de la pratique juridique en araméen malgré les aléas de notre documentation. On peut avancer comme preuve de la visibilité de ces langues vernaculaires bien au-delà du IIIsiècle les inscriptions monumentales syriaques qui, à compter du IVsiècle, investissent l’espace public (contrastant avec ce qui se passe en Égypte) ou les souscriptions syriaques apposées par certains évêques dans des documents officiels des conciles œcuméniques des Ve-VIsiècles alors même que le copte n’y est jamais utilisé. Or, contrairement à ce qui se passe avec les langues locales d’autres provinces de l’Empire romain d’Orient, le copte ne s’est pas vu conférer une reconnaissance officielle pendant les trois premiers siècles de son histoire. De ce fait, en matière linguistique, l’Égypte a été, sinon une anomalie, du moins une exception

L’obstacle du multidialectalisme

L’une des causes de cette position marginale pourrait être inhérente à la langue copte elle-même. Son multidialectalisme peut en effet expliquer sa lenteur à concurrencer le grec, langue commune (koinè) à l’ensemble des aires hellénophones, et ce malgré le développement de « supra-dialectes ». Mais même ceux-ci n’en sont pas moins des langues artificielles en décalage avec les langues parlées au quotidien. Artifice pour artifice, le grec pouvait servir de pis-aller : quitte à avoir recours pour la rédaction de documents réglementés à une langue non utilisée naturellement, le grec faisait en effet fort bien l’affaire.