Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
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La place marginale du copte dans la culture écrite

À l’exception du P.Kellis VII 123 analysé au cours précédent, tous les actes juridiques, y compris les résumés dont ceux-ci sont parfois pourvus, sont écrits en grec. Cette invisibilité du copte dans les documents relevant de la sphère publique a aussi son pendant dans l’espace public : le copte n’a probablement jamais été utilisé pour des inscriptions monumentales avant la fin du VIe siècle. Même dans l’espace privé, l’épigraphie répugnait à faire place au copte.Ainsi, durant les trois premiers siècles de son existence, le copte atteste un spectre d’usage très étroit qui le confine au domaine des échanges épistolaires privés et à celui de la copie de textes littéraires (chrétiens) préexistants, – un cantonnement qui a même eu une influence sur l’écriture copte elle-même.

Comment rendre compte de l’invisibilité du copte en dehors du domaine des échanges épistolaires privés ? Si l’hypothèse d’un accident de la documentation ne peut à elle seule expliquer la carence totale des documents légaux dans cette langue, qu’en est-il de celle qui chercherait à établir un lien de causalité entre droit et langue d’expression juridique ?

La situation à l’échelle de l’Empire : sources juridiques et papyrus proche-orientaux

Élargissant l’enquête au-delà du contexte égyptien et à la littérature juridique, on constate que les papyrus du Pays du Nil ne confortent pas les conclusions des juristes, pour qui l’emploi de la langue est indifférent, pour autant que les parties se comprennent, tandis que la comparaison avec les actes juridiques du IIIe siècle provenant du Moyen-Euphrate montre une situation à l’opposé de ce qui se passe à la même époque en Égypte, si bien qu’on peut s’interroger sur la pertinence de mettre en parallèle les situations égyptienne et proche-orientale.