Les rapports entre conquérants et conquis n’ont rien fait pour rapprocher les deux populations. Les Perses pâtissaient déjà depuis longtemps (surtout depuis Cambyse II) d’un préjugé négatif, que l’occupation a réactivé en l’amplifiant, comme le montrent les sources littéraires et, à moindre égard, papyrologiques, traversées par une rhétorique « misoperse », indice d’un racisme anti-perse chez les conquis d’Égypte.
Dans ces conditions, on ne peut s’attendre à un impact du perse sur le grec et vice versa. On a étudié depuis longtemps les mots perses passés en grec, mais l’impact de la conquête perse sur le grec des papyrus a moins attiré l’attention. Il est vrai qu’on a vite fait de l’évaluer. Si l’on met de côté les mots iraniens déjà entrés en grec et qui peuvent donc se rencontrer dans les papyrus, un seul mot perse est passé en grec entre 619 et 629 : σελλάριος, du perse sālār, qui dénote une vaste gamme d’officiers et d’officiels.
Οn a récemment voulu identifier un autre terme d’origine perse dans un document grec d’Égypte : κάρδαξ, moyen-perse kārdāg « voyageur, marchand », qui apparaîtrait dans un ostracon des archives de Theopemptos et Zacharie (O.Petr.Mus. 529). Mais la réédition de ce texte entreprise en séminaire a montré qu’il s’agissait d’une mauvaise lecture.