L’Égypte de l’Antiquité tardive connut deux conquêtes : celle des Sassanides et celle des Arabo-Musulmans. C’est avec les deux langues introduites par ces conquérants (pehlevi et arabe) que nous avons débuté l’étude du multilinguisme en Égypte de façon à mieux éclairer l’impact des conquêtes militaires en matière de langues.
Après cinq siècles et demi de relative stabilité, l’Égypte subit en 619, initiée par le souverain sassanide Xusrō (Chosroès) II, l’invasion des Perses qui y restèrent jusqu’à 629. Malgré la courte durée de cette occupation, les Perses ont laissé une documentation abondante en moyen-perse, rédigée à l’aide d’une écriture appelée pehlevi. Elle se chiffre actuellement à environ 950 pièces.
Il est difficile de tirer de cette documentation et de celle, parallèle, en grec et copte, des conclusions concernant les rapports linguistiques entre conquérants et conquis tant elles sont imperméables l’une à l’autre. Les textes grecs ou coptes font rarement allusion aux Perses et ne caractérisent que rarement la nature des relations que la population gréco-égyptienne a pu avoir avec eux. Quant aux textes pehlevis, ils sont focalisés sur des problèmes militaires et la population locale y est quasiment absente. En bref, il y a peu de recoupements entre les deux documentations, à l’exception notable de Šahrālānyōzān, haut dignitaire perse qui apparaît dans les textes à la fois pehlevis et grecs (dans lequel on a proposé de reconnaître le conquérant Šahrwarāz, mais qui est plus vraisemblablement celui qui dirigea l’Égypte en l’absence de Šahrwarāz) et de deux de ses agents Xusrō (Χοσρόης) et Razbānag (Ῥασβανᾶς).