Résumé
La « République universelle » fut un des slogans de février 1848, invitant à la solidarité avec les soulèvements des peuples européens. En suivant le programme iconographique de la citoyenne Goldsmid, le ralliement de Victor Hugo à la République, la dimension mondiale des révolutions de 48, la mise en place du suffrage universel et l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, il est possible de mettre en évidence les tensions qui parcourent l’idéal de fraternité universelle. L’universalisme nationaliste de Hugo, qui affirme que la France est « le missionnaire de la civilisation en Europe », trouve des échos dans le discours empreint de religiosité qui fait du suffrage universel un sacrement, une cérémonie de communion nationale. Mais ces espoirs sont mis à mal par la répression sanglante des émeutes ouvrières de juin, puis par l’agonie de la République, jusqu’au coup d’État du 2 décembre 1851. L’émancipation des esclaves (27 avril 1848), qui est une des grandes réalisations de la République, ouvre aussi un espace d’incertitude politique, qui révèle les limites et les failles de l’universalisme républicain.