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Presentation
La Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, proclamée le 7 décembre 2000, introduit le concept de « valeurs » dans le langage de l’Europe. Depuis lors, le répertoire qui lui est associé (dignité, liberté, égalité, solidarité, citoyenneté, justice) se caractérise par son omniprésence dans les stratégies de communication et de mobilisation des institutions, formant le principal pilier de légitimation de la construction européenne.
À l’heure où l’association entre démocratie et État de droit ne semble plus aller de soi, où l’impératif de sécurité est souvent opposé au respect des libertés et où la libre circulation menace parfois les exigences de justice sociale, Justine Lacroix rappelle les liens indissociables entre liberté individuelle et autodétermination collective, insiste sur la nécessité de maintenir le sens des distinctions entre libéralisme et autoritarisme, et s’interroge sur la volonté de l’Union de construire un « espace de liberté, de sécurité et de justice ». La conviction qui anime cet ouvrage est que la pensée politique a un rôle à jouer pour élucider les vocables dont se réclament les Européens, tout en laissant une large part aux conflits d’interprétations qui sont au cœur de toute activité démocratique.
Justine Lacroix est professeure de théorie politique à l’Université libre de Bruxelles et membre de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. Elle fait partie du conseil de rédaction de la revue Esprit et a écrit plusieurs livres consacrés à la pensée politique contemporaine et aux débats sur la construction européenne.
Table of contents
Avant-propos
Une démocratie sans libertés ? Réflexions sur la notion de démocratie illibérale
Première conférence
Le libéralisme autoritaire ou l’identification des contraires
Deuxième conférence
Droit à la sûreté et impératif de sécurité
Troisième conférence
Les droits humains, entre libre marché et principe de responsabilité
Quatrième conférence
Excerpts
« Le philosophe Claude Lefort a montré que le propre de la société démocratique est l’avènement d’un espace d’indétermination où il y a toujours une mise en discussion possible de “ce que devraient être la loi, le pouvoir et la société pour être ce qu’ils doivent être”. En suivant le fil de cette inspiration, l’Europe démocratique, loin d’être une communauté unie autour de valeurs supposées consensuelles, devrait davantage être comprise comme le lieu d’un affrontement civilisé entre diverses interprétations des droits proclamés dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. »