Les textes vieil-avestiques de Kellens et Pirart
Jean Kellens et Éric Pirart, Les textes vieil-avestiques (vol. I : Introduction, texte et traduction ; vol. II : Répertoires grammaticaux et lexique ; vol. III : commentaire), Wiesbaden, 1988-1990-1991.
Les Gāθās sont des textes rituels, mais le rituel est spéculatif (discours décrivant l’état d’esprit et la spéculation philosophique qui accompagne la cérémonie rituelle) ;
Doutes sur la personnalité du « je » gāthique ;
Agnostiques sur l’historicité de Zaraθuštra ;
Innovation : interdiction de pratiquer un sacrifice nocturne. Mais Jean Kellens regrette cette hypothèse car en réalité la GA atteste un rite auroral. L’interdiction de pratiques sacrificielles nocturnes est donc en rapport avec un rite spécifique ;
Omniprésence du vocabulaire pastoral : prodiguer des bons soins de pâture à la vache est une anti-phrase de l’immolation qui signifie en réalité couper la gorge de la vache.
Réactions négatives
Ilya Gershevitch, « Approaches to Zoroaster’s Gathas », Iran 33, 1995, 1-29.
Gherardo Gnoli, Zoroaster in History, New York, 2000.
L’attaque sur l’identification du « je » gāthique, sur le fait que ce « je » pourrait ne pas être Zaraθuštra a abouti à une situation du personnage dans l’histoire avec précision : il a été situé entre 618 et 541 av. J.-C. sur le témoignage de textes moyen-perses et des chroniqueurs arabes.
Une telle chronologie est impossible pour des raisons linguistiques. En effet, une telle datation créé un embouteillage textuel mais également dans l’évolution historique des croyances. De plus, linguistiquement, certaines formes n’ont pas pu évoluer aussi rapidement qu’une telle datation l’impose. Citons en exemple le vp. patiyazbayam avec disparition de l’hiatus conservé en vieil-avestique dans le thème de présent zbaya, qui est encore trisyllabique. Du point de vue chronologique, les textes vieil-avestiques n’ont pas pu être composés après 800 av. J.-C.
Il n’y a pas de doctrine biographique-prophétique
Jean Kellens, La quatrième naissance de Zarathushtra, Paris, 2006.
L’hypothèse d’une doctrine prophétique, biographique et essentiellement philosophique est un postulat complètement dépourvu de légitimité critique du point de vue de la critique historique.
Gāθā ou hāiti ?
Almut Hintze, « On the Literary Structure of the Older Avesta », Bulletin of the School of Oriental and African Studies 65, 2002, 31-51.
Stephanie Jamison, The RigVeda between two worlds, Paris, 2007.
Jean Kellens, « Controverses actuelles sur la composition des Gāthās », Journal Asiatique 295.2, 2008, 257-289.
Hintze et Jamison ont défendu l’indépence de chaque hāiti tandis que Kellens a défendu l’unité organique de chaque Gāθā. Il y a 17 chapitres (hāiti) répartis en 5 Gāθās, chacune de longueur variable. Pour les auteurs de l’Avesta, la division en hāiti était déjà accomplie comme nous le montrent par exemple les intercalations du Visperad. Les Gāθās font partie d’une liturgie ancienne, textes introduits dans un corpus de textes plus récents en fonction d’une exégèse particulière. Les Gāθās ont un rôle puisque la première strophe est censée correspondre à l’étincelle cosmogonique et la dernière représente le moment final avec l’ultime sacrifice rendant le monde parfait.
Fonction originelle des Gāθās ?
En effet, il faut envisager le texte gāthique sous un double aspect : l’Avesta dans son ensemble avec un rôle de réemploi pour les Gāθās et le rôle primitif des Gāθās, ce qui est une autre recherche menée durant les deux dernières années ici.