Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Telles sont les difficultés dont l’examen a fait l’objet des cours 7 et 8. Force est de constater que nous avons en ce domaine des intuitions mêlées : d’un côté, il semble y avoir ici une concordance entre « l’image manifeste » et « l’image scientifique »,puisque nous observons une grande diversité des espèces (biodiversité) et des regroupements apparemment naturels entre elles ; de l’autre, l’essentialisme, tout comme l’idée selon laquelle l’espèce (species) renverrait à une espèce naturelle (natural kind) réelle semblent problématiques. On ne s’étonnera donc pas qu’ait longtemps régné un « consensus » anti-essentialiste dont on a examiné les principaux ressorts [22] : l’argument de la non « stabilité » ; l’argument par des traits covariants plutôt que par des « caractères essentiels ». Et ce, qu’il s’agisse d’arguments empiriques ou d’arguments conceptuels, comme celui de la con-spécificité ou des espèces-sœurs. Peut-on néanmoins contourner l’anti-essentialisme ? On a invoqué une première série de contre-arguments : 1. distinguer entre individu et espèce ou type, et en fonction de cela, entre deux registres épistémologiques et méthodologiques (les questions relatives à l’un sont justiciables d’un traitement a priori, celles relatives à l’autre, d’une démarche empirique et scientifique) ; 2. considérer les espèces biologiques comme des « individus [23] » ; 3. tenir les espèces pour des entités « historiques » et « conventionnelles [24] ».

Références

[22]. Dupré J., « On the impossibility of a Monistic Account of Species », in Wilson R. A (éd.) Species, Cambridge(Mass.), MITPress,1999,3-22 ; HullD., « Contemporarysystematic philosophies », in Sober E. (éd.), Conceptual Issues in Evolutionary Biology (2e ed.), MIT Press, Cambridge (Mass), 1994, 295-330 ; Sober E., « Evolution, population thinking and essentialism », Philosophy of Science, 47, 1980, 350-383, repris in Sober E. (éd.), op. cit., 161-189 ; Mayr E., Populations, Species and Evolution, Harvard University Press, Cambridge (Mass.), 1970.

[23] Hull D., « The effect of essentialism on taxonomy: two thousand years of stasis », British Journal for the Philosophy of Science, 15, 1965, 314-326 ; « Are species really individuals? », Systematic Zoology, 25, 1976, 174-191 ; « A matter of individuality », Philosophy of Science, 45, 1978, 335-360 ; Ghiselin M., « A radical solution to the species problem », Systematic Zoology, 23, 1974, 53-544.

[24] Ereshefsky M., « Species, higher taxa, units of evolution », in Ereshefsky M. (éd.), The Units of Evolution, Cambridge (Mass.), MIT Press, 1992, 379-398 ; Sober E., Philosophy of Biology, Oxford, Westview Press, 1993.

[25] Okasha S., « Darwinian metaphysics: Species and the question of essentialism », Synthese, 131, 2002, 191-213.

[26]. Griffiths P., « Squaring the Circle: Natural Kinds with Historical Essences » in Wilson R. (éd.), Species: new interdisciplinary essays, Cambridge (Mass), MIT Press, 1999, 209-228.

[27] Devitt M., « Resurrecting Biological Essentialism », Philosophy of Science, 75, 2008, 344-82 ; Putting Metaphysics First, Essays on Metaphysics and Epistemology, Oxford, Oxford UP, 2010. Walsh D., « Evolutionary essentialism », British Journal for the Philosophy of Science, 5, 2006, 425-48.

[28] Boyd R., « Realism, anti-foundationalism and the enthusiasm for natural kinds », Philosophical Studies, 61, 1991, 127-48 ; « Homeostasis, species and higher taxa », in Wilson R. (éd.), Species: new interdisciplinary essays, Cambridge (Mass.), MIT Press, 1999, 141-185.

[29] Wilson R., Barker M. et Brigandt I., « When traditional essentialism fails: biological natural kinds », Philosophical Topics, 35, 189-21. Voir aussi LaPorte, 2004.

[30] Sachse C., Philosophie de la biologie. Enjeux et perspectives, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2011.

[31] Heard E. Épigénétique et mémoire cellulaire (leçon inaugurale), Collège de France/ Fayard, 2012 ; Collège de France, 2013, http://books.openedition.org/cdf/2257.

[32] Hacking I., « Natural kinds, rosy dawn, scholastic twilight », Royal Institute of Philosophy Supplement, 82, 2007, 203-39.

[33] Dupré J., « Natural kinds and biological taxa », Philosophical Review, 90(1), 1981, 66-90 ; The Disorder of Things: Metaphysical Foundations of the Disunity of Science, Harvard, Harvard UP, 1993 ; « Promiscuous realism: A reply to Wilson », British Journal for the Philosophy of Science, 47, 1996, 441-444 ; « In defence of classification », Studies in History and Philosophy of Biological and Biomedical Sciences, 32(2), 2001, 203-219.