Le quatrième cours s’est penché sur quelques problèmes de méthode : comment penser cette partie a posteriori de l’enquête ? On a procédé à quelques rappels sur l’histoire des relations entre la métaphysique et la science, et souligné qu’il faut en premier lieu éviter le vertige scientiste : le positivisme ne se réduit pas au scientisme ; le scientisme touche tant les savants que les métaphysiciens ; certaines formes contemporaines de métaphysique sont elles-mêmes « scientistes » ; il faut distinguer attitude « scientifique » et posture « scientiste », noter l’évolution des concepts de « science » et de « connaissance », évoquer les nouvelles obligations du métaphysicien ; se souvenir de l’ampleur du « consensus anti-réductionniste » des années 1980. Il faut aussi reconnaître le rôle de l’a priori : rares sont en fait les métaphysiciens « en fauteuil » ou en « redingote » ; quant aux savants, ils ne sont pas plus que d’autres à l’abri des préjugés ; il faut insister sur la nécessité de l’analyse logique, sur l’autonomie de la métaphysique, garantie par le « possible » (Duns Scot), sur la fécondité de l’analyse conceptuelle, sur les bénéfices de l’analyse modale : une impossibilité logique est souvent le signe d’une impossibilité réelle.
Il faut, en second lieu, se méfier de la tentation a prioriste : se souvenir que la logique et la sémantique sont liées à nos « raisons » empiriques et donc aux découvertes scientifiques. Cela impose de tenir compte de la science mais de ne pas s’en laisser conter par elle. Il y a des remèdes contre l’a priorisme : la pratique de la logique modale ; l’usage et la remise en cause de nos intuitions ; les expériences de pensée, la prise en compte des apports des sciences de la cognition et de la psychologie expérimentale (liens entre normes et nature). Il ne faut donc pas céder trop vite au « consensus anti-réductionniste », mais chercher plutôt de nouveaux modèles réductionnistes. Quelques remèdes contre le scientisme : cesser de penser que la métaphysique commence là où finit la science ; accepter d’autres méthodes que celles qui prévalent dans les sciences : analyse conceptuelle, abduction, justifications prima facie ; admettre que les énoncés métaphysiques peuvent avoir du sens, même s’ils ne sont pas susceptibles de confirmation ou d’infirmation empirique, qu’il peut y avoir des raisons sinon non scientifiques, du moins a-scientifiques de croire (Putnam), ce qui n’implique pas non plus que ces raisons doivent nécessairement l’emporter sur les raisons que nous donne la science. Quelques règles, ensuite de bonne conduite et un double pari : en cas de conflit entre une théorie scientifique et une théorie métaphysique, opérer un double travail de sape et de contre-argument ; se souvenir que « l’unité » de la science reste un « idéal » ; satisfaire aux doubles contraintes de catégorisation et d’adéquation empirique. Parier enfin sur le réalisme scientifique pour procéder à l’interprétation des théories et sur un engagement métaphysique quant à la nature des choses et de leurs propriétés. Les sciences entrent-elles en conflit avec l’essentialisme dispositionnel ? C’est la question que les cours suivants (5 à 9) se sont employés à affronter en la soumettant au test des sciences empiriques.