Séance animée par François Héran.
Chaque communication de 30 minutes est suivie de 10 minutes de discussion.
Résumé
En 1986, l’historienne féministe Joan W. Scott proposait du concept de genre une définition en deux parties qui est toujours d’actualité : d’une part, « le genre est un élément constitutif des relations sociales fondé sur les différences perçues entre les sexes », et d’autre part, « le genre est une façon première de signifier les rapports de pouvoir. » Si, depuis les années 2010, dans de nombreux pays, les campagnes anti-genre ont visé la première proposition, réduite à une simple opposition entre nature et culture, c’est la seconde qui informe la plupart des travaux menés dans ce champ de recherche. Les études de genre ne constituent pas seulement un domaine particulier, traitant du genre et de la sexualité ; elles offrent un outil pour appréhender toutes sortes de phénomènes sociaux en analysant la manière dont les sociétés parlent en même temps de classe et de race, comme le montre l’approche intersectionnelle, mais aussi de religion et de laïcité, d’identité nationale et de relations internationales, bref, de pouvoir. C’est ainsi qu’elles nous permettent même d’analyser les campagnes anti-genre. Le genre est en effet un langage politique privilégié dans lequel s’affrontent aujourd’hui des logiques démocratiques et anti-démocratiques.