Résumé
Chacun sait que la tolérance est au cœur de la réflexion des Lumières. Mais a-t-on pris la mesure de la dynamique pluraliste que cette exigence nouvelle instaure au cœur de la conscience européenne ? En partant de Pierre Bayle et de son Commentaire philosophique (1686) réaction vigoureuse à la persécution des protestants dans la France de Louis XIV, nous nous interrogeons sur les liens entre tolérance et cosmopolitisme. Les Lumières doivent affronter le défi de l’altérité et penser les différences, à l’horizon d’une commune humanité. Le cosmopolitisme, au XVIIIe siècle, est une idée nouvelle, ambivalente, ancrée dans la mutation de la mobilité et des sociabilités, dans un monde en mouvement. On s’attarde alors sur le grand manifeste de la tolérance cosmopolite, Nathan le Sage de Lessing (1779), pour conclure sur la lecture qu’en a proposée Hannah Arendt.