Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
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Le Monastère Blanc (3)

À première vue, on ne s’attendrait pas à trouver le Roman d’Alexandre dans un monastère : la figure d’Alexandre assoiffé de (vaine) gloire, qui pousse l’orgueil jusqu’à se croire d’ascendance divine ainsi que la place accordée dans ce texte à la sagesse païenne s’opposent en tout point aux valeurs des moines. Mais, comme pour les sentences philosophiques, c’est là une analyse qui ne rend pas justice à la richesse de l’œuvre ni à la complexité des attentes de ses potentiels lecteurs.

Il ne faut tout d’abord pas sous-estimer l’appétence pour la lecture romanesque que les moines cultivent eux aussi, le plus souvent à travers le genre hagiographique. D’autres textes dans le codex contenant les sentences de philosophes sont aussi de la même veine (Roman de Parthénopée, Histoire de la femme du général et de ses trois fils). Ce goût pour les ouvrages narratifs pouvait par ailleurs croiser des préoccupations plus actuelles : les démêlés d’Alexandre avec les Perses font écho aux guerres des VIe et VIIsiècles qui les opposent à l’Empire byzantin. Mais, derrière le Perse, c’est probablement le Musulman qui se cache si l’on en croit l’usage de l’ethnique Lamite que fait l’auteur de cette version copte du Roman d’Alexandre dans l’épisode de la prise de la cité des Lamites : c’est en effet une des désignations coptes des Musulmans. L’œuvre acquiert ainsi une dimension anti-musulmane qui lui donne une nouvelle légitimité pour figurer dans une bibliothèque monastique.

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