À Antinoopolis, J. de M. Johnson a exhumé en 1906 les restes de ce qui a dû constituer, selon lui, une bibliothèque. Les textes retrouvés ont été écrits sur plusieurs siècles, du IVe jusqu’au début du VIIe siècle. Les papyrus documentaires trouvés en même temps (qui ont malheureusement été dispersés sans être tous identifiables) correspondent à la phase la plus récente de cette bibliothèque.
Celle-ci est loin de se réduire aux auteurs classiques habituels, parmi lesquels figurent l’inévitable Homère, Ménandre, ou encore Théocrite dont la cote remonte dans l’Antiquité tardive pour culminer au VIe siècle. Elle contient, pour la première fois de notre enquête, des textes chrétiens ainsi qu’un mélange entre grec et copte (le copte étant utilisé, à l’exception d’une glose dans le manuscrit de Théocrite, pour les ouvrages chrétiens). Les propriétaires de ces livres se sont également intéressés au latin si l’on en juge par la présence de plusieurs ouvrages dans cette langue en plus d’un double alphabet dans cette écriture copié à la suite d’un manuel de tachygraphie, témoin d’un apprentissage du latin. La forte proportion de papyrus médicaux est enfin un des traits saillants de cette bibliothèque : Hippocrate (avec des scholies) et Galien cohabitent avec différents traités et réceptaires dont certains offrent des recettes magico-médicales, ainsi qu’avec un très curieux codex de botanique.