Parmi les trouvailles les plus intéressantes faites au Monastère Blanc se distingue un codex, daté du Xe/XIe siècle, rassemblant des textes disparates à vocation édifiante. Une section est consacrée à des sentences de philosophes, qui, lorsqu’ils sont nommés, se trouvent être païens (Diogène le Cynique, Anacharsis). Elle contenait aussi quelques textes plus longs, comme la parabole des trois amis, proche d’un passage du Roman de Barlaam et Josaphat, et des aphorismes d’origine chrétienne mais considérés comme remontant à la sagesse païenne.
La présence d’un tel recueil étonne dans le monastère du sourcilleux Shénouté qui, contrairement à d’autres figures du christianisme de l’Antiquité tardive, n’éprouvait guère d’attachement pour la culture grecque profane. Mais le caractère édifiant de ces textes, au-delà de la figure scandaleuse de Diogène, rencontre les tendances de la pédagogie scolaire qui fait une place de choix aux sentences aphoristiques, notamment celles de Diogène. Ce codex est un bel exemple de la façon dont le christianisme a métabolisé certains pans de la littérature classique.
Ces sentences ne sont pas les seules bribes de culture préchrétienne au Monastère Blanc. La bibliothèque de ce monastère contenait une version copte du Roman d’Alexandre, manuscrit établi au Xe/XIe siècle mais remontant vraisemblablement à un exemplaire de la fin de l’Antiquité. Les extraits conservés s’écartent le plus souvent des différentes recensions de l’œuvre du Pseudo-Callisthène. Par certains clins d’œil, ils témoignent d’une bonne connaissance de la littérature grecque profane et d’un attachement à certains de ses représentants : ainsi le comique Ménandre, hissé à la fin de l’Antiquité au rang de sage grâce à ses Sentences, devient un des compagnons d’Alexandre. En même temps, selon une dynamique contraire, certains épisodes inédits christianisent la figure d’Alexandre.