Qu’il s’agisse de la tuberculose ou de toute autre infection bactérienne, hospitalière ou communautaire, les inégalités socio-économiques, la désorganisation des systèmes de santé dans certains pays, la mauvaise connaissance des règles de bases d’utilisation des antibiotiques par les médecins, la circulation libre de produitscontrefaits, sont autant de paramètres qui affectent l’efficacité et la pertinence des traitements délivrés, mais qui sont aussi cause de la sélection et de la diffusion de souches (multi)résistantes.
L’émergence récente de carbapénèmases au sein des béta-lactamases à spectre élargi (ESBL), capables d’hydrolyser les derniers antibiotiques actifs sur les bactéries à Gram négatif, les carbapénèmes, illustre la situation de crise actuelle. Issues de micro-organismes environnementaux dans le sous-continent Indien, ayant diffusé au sein des flores contaminant/infectant l’homme (Klebsielles, Escherichia coli, Acinetobacter), les gènes codant la carbapénèmase NDM-1 ont complété de manière spectaculaire la gamme de résistance déjà présente chez ces micro-organismes, les rendant essentiellement résistants à tous les antibiotiques possibles. La diffusion planétaire des clones bactériens porteurs de NDM-1 et le potentiel de transmission du gène lui-même par diffusion inter-espèces du fait de sa présence sur des éléments génétiques aisément transmissibles (plasmides, transposons, intégrons) créent une situation redoutable et son contrôle très aléatoire. C’est à la racine, par l’usage raisonné des antibiotiques que ce type d’émergence catastrophique pourra être prévenu. Les pays industriellement émergents dont le système de santé se développe rapidement doivent de toute urgence prendre cette situation à bras le corps.