À Rome, mais pas seulement, les intellectuels furent prompts à légitimer la tyrannie. C’est à interroger cette étrange fascination pour la puissance fictionnelle du pouvoir autoritaire qu’est consacrée cette dernière séance du cours. Elle nous remet donc face au visage du tyran. En mettant en regard l’Ecerinis d’Albertino Mussato et la lettre dédicatoire de Dante à Cangrande della Scala, on tente de mettre à l’épreuve cette ambivalence de la fiction politique. Celle-ci s’exprime aussi dans les renversements, déplacements et irradiations parodiques du théâtre médiéval, de la réécriture renardienne de La mort le roi Artu ou du roman à clefs qu’est le Roman de Fauvel. Mais que penser de l’efficacité politique réelle d’une telle inversion carnavalesque ? On achève ces réflexions comme on les avait amorcées, face à l’impossibilité de caricaturer le dictateur – une impossibilité mise en scène par Charlie Chaplin, analysée par André Bazin dans son grand article de 1945 « Sur Le Dictateur : pastiche et postiche ou le néant pour une moustache », et ne pouvant pas ne pas nous faire penser aujourd’hui à l’anachronisme et au prophétisme d’un rire sans comique.
12:00 à 13:00