L’analyse iconographique du mystère de l’hostie profanée représenté par Paolo Uccello dans la prédelle d’Urbino (1467-1468) permet de poser la question de la mise en scène du théâtre eucharistique, du statut de l’emblème, mais aussi de la réversibilité de la fiction politique : entre la bête et le souverain, entre les sauvages du Nouveau Monde et l’ensauvagement de l’Ancien Monde. Demeure toutefois une question : pourquoi faut-il, à certains moments, rendre visible, pourquoi la pensée devrait-elle parfois s’immobiliser dans les images ? C’est devant un événement de pensée qui est aussi un événement visuel que la réflexion connaît son coup d’arrêt : le frontispice du Léviathan de Thomas Hobbes (1651). Nous revoici donc face au monstre : va-t-il nous dévorer ou nous incorporer ? Et pourquoi Hobbes ne peut-il penser l’État sans en créer l’image ? L’analyse s’interroge, avec Louis Marin, sur les enjeux de la forme même du frontispice, donnant à voir en façade du livre l’inscription d’un nom illisible. Elle questionne ensuite, avec Quentin Skinner, les modalités de l’éloquence visuelle dans les différents traités de Hobbes – où l’on retrouve la critique républicaine et le pouvoir cannibale.
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