Le christianisme se définit donc par sa capacité à capturer le récit par l’ordre normatif tout en l’animant du mouvement perpétuel de la glose créant les conditions d’un événement sans fin. Mais quelle est sa figura, cette « esquisse de fiction » qui façonne, invente, représente et feint tout à la fois la société ? On fait ici l’hypothèse que c’est le mystère eucharistique qui configure la société tout entière, ou qui en est, pour reprendre la terminologie de Hans Blumenberg, la métaphore rectrice. Mais l’eucharistie en tant que la réforme grégorienne l’a transformée, dès lors que l’Église prend le tournant du réalisme eucharistique de la transsubstantiation. On rappelle ici les grandes étapes historiques, le coût théorique et la portée politique d’une telle décision, qui va à l’encontre de la théorie augustinienne du signe. Le coup de force de la présence réelle a des conséquences sur l’architecture de l’édifice ecclésial comme de l’institution ecclésiale. Mais elle est aussi difficile à croire : voici pourquoi le cours s’achève sur l’évocation des incroyants de la présence réelle, rétifs à cette orthodoxie de l’invraisemblable, tels que des cas fameux documentés par les sources judiciaires les révèlent.
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