La nouvelle théorie de la référence qui a remplacé le descriptivisme est parfois nommée « théorie causale de la référence ». Cette théorie suggère une première interprétation de la notion de relation infogénérative. Selon cette interprétation, les relations infogénératives, celles qui fixent la référence des dossiers mentaux, sont les relations causales en vertu desquelles un objet affecte l’état épistémique du sujet et permet à celui-ci d’accumuler des informations sur l’objet.
Mais il y a une autre interprétation, non causale, de la notion de relation infogénérative. Lorsque je pense Il fait chaud ici, le lieu désigné par ici est le lieu où je me trouve au moment où je pense cela. Le type de relation qui fixe la référence, dans ce cas comme dans le cas de je, n’est pas la relation causale entre le sujet et l’entité à laquelle le sujet fait référence, à savoir la relation qui s’établit quand l’objet est à l’origine d’un flux d’informations qui vient nourrir le dossier mental du sujet. En effet, je peux faire référence au lieu où je me trouve en disant ou en pensant ici même en l’absence de tout flux informationnel, par exemple si j’ai été transporté inconscient en un lieu que j’ignore et qu’on m’a bandé les yeux et bouché les oreilles de sorte que je n’ai aucun moyen d’acquérir des informations perceptives concernant le lieu où je me trouve. Ces cas de dénuement informationnel fournissent un premier argument pour dire que ce qui fixe la référence ce n’est pas le flux d’information (la relation causale) mais la relation indexicale (se trouver en un certain lieu, être un certain individu, etc) qui, dans des conditions normales, permet l’établissement du flux informationnel.