Résumé
Le terme « essence » n’est pas un terme commun des langues naturelles ; il est donc nécessaire qu’il soit introduit par le philosophe qui l’utilise. Mais il ne semble pas possible de l’introduire par une définition complète au moyen de termes communs : les définitions classiques (« ce que c’est qu’être X »), trop polysémiques, doivent être accompagnées d’une clause telle que « dans le sens métaphysiquement important de l’expression » (Fine 1994). Comment pouvons-nous alors identifier ce sens « métaphysiquement important » ? Une solution consiste à dire que l’essence, bien qu’elle ne soit pas un terme des langues naturelles, est néanmoins une catégorie du « sens commun » ou de notre « métaphysique naïve » telle que l’étudie la psychologie développementale. Dans cet exposé, je m’appuierai sur les travaux empiriques de Susan Gelman pour interroger l’existence et les contours d’un concept « d’essence » du sens commun.